Penser environnement d'abord

Je suis abonné à quelques infolettres de partis politiques, mais pas tous. Je juge mon point de vue politique comme étant de centre gauche, ce qui est, je crois, le point de vue politique de la majorité des Québécois.

Je vais tenter d'être apolitique, ici. On va jaser des vraies affaires, comme dirait l'autre.

Ce dont je vais parler, c'est de la politique pratiquée au Québec et au Canada. Je sais que l'un est dans l'autre, mais quelquefois, on dirait pas.

Au Québec, on est plutôt progressistes. Plusieurs aspects de notre société nous distingue du reste de l'Amérique du Nord :

  • 80% de la population québécoise parle français de naissance. 96% de la population québécoise comprend le français.
  • Chaque personne, homme ou femme, garde son nom de famille toute sa vie. Les changements de nom sont exceptionnels.
  • L'école publique est laïque.
  • L'électricité que nous produisons, via Hydro-Québec, est une énergie renouvelable qui ne pollue pas. Hydro-Québec appartient au gouvernement, donc au peuple québécois, ce qui fait que les Québécois paient leur électricité au Québec beaucoup moins cher qu'ailleurs. Il n'y a qu'au Manitoba où le kilowattheure est moins cher qu'au Québec. [1]
  • Les québécois ont une assurance-santé qui leur permet d'aller se faire soigner dans leurs hôpitaux gratuitement.
  • Le droit privé est régi par le code civil du Québec, code qui a servi de référence dans plusieurs pays dans le monde, notamment en Roumanie et en République Tchèque. [2]

... et je pourrais continuer...

Dans quelques villes du Québec, on a commencé à répartir en trois bacs les matières: Le bac noir ou vert pour la poubelle, le bac bleu pour les matières récupérables, et le bac brun pour les matières compostables. On est rendus là.

Rares sont les municipalités aux États-Unis qui font de la récupération seulement... Ils jettent tout! Et les Américains sont des champions en ce qui concerne le plastique à usage unique; dans les arénas, les boissons gazeuses sont servies dans des gobelets géants, en plastique imprimé, et tout est jeté aux ordures après consommation du contenu... Au Québec? Ça fait longtemps que les verres sont en carton ciré! On est rendus à trouver des solutions de rechange aux pailles en plastique...

C'est au vu de ces arguments que je crois que le Québec a une certaine longueur d'avance sur le reste de l'Amérique du Nord en ce qui concerne le développement durable.

Mais ce n'est pas assez. Il faut changer de mentalité. Il faut changer le système actuel.

Il faut arrêter de penser que chaque repas doit contenir une part de viande. Je ne suis pas végétarien, mais je suis conscient que tous ces animaux, élevés dans l'unique but de nous nourrir, consomment beaucoup de ressources en céréales et en eau, et rejettent dans l'atmosphère beaucoup de méthane. Ça ne sera pas facile d'arrêter de penser « viande », parce qu'à chaque fois qu'on se pose la question "Qu'est-ce qu'on mange pour dîner", règle générale, on va répondre par une sorte de viande. En fait, ce problème est directement lié au fait que maintenant, nous sommes maintenant rendus à plus de 7,5 milliards d'êtres humains sur la planète. Ça fait beaucoup de bouches à nourrir...

Il faut arrêter de penser que le succès, c'est d'avoir une belle voiture. Commencer à voir la voiture comme étant un moyen comme un autre d'aller du point A au point B. Je sais que c'est difficile, surtout dans les régions rurales où le transport en commun est quasi inexistant, mais se parler et s'organiser pour se transporter, ça sera toujours mieux. Et aujourd'hui, avec la technologie, nous pourrions même nous passer de transport tout court, ça ne serait pas plus mal.

Il faut arrêter de penser que ce qu'on ne voit plus n'existe plus. Le verre en styromousse que vous aviez jeté dans une poubelle de camping dans votre jeunesse existe encore, enfoui dans un dépotoir, et il prendra 400 ans à se décomposer. Notre gros problème est le plastique, qu'on ne finit plus de produire, de consommer et de jeter, et qui ne retourne pas dans la nature aussi facilement qu'on l'y a extrait. Il y a bien des initiatives, comme latasse.org, qui s'attaquent à des secteurs ciblés, mais c'est le principe même de consommation qu'il faut repenser. Quand je vais acheter de la crème glacée à l'épicerie, j'achète aussi son contenant; pourquoi je ne peux pas le retourner pour qu'ils me le remplissent? Les contenants consignés devraient devenir la norme.

Il faut arrêter de penser qu'une vie réussie passe par faire des enfants. Je sais, elle est dure à lire, celle-là. Et je ne suis pas un exemple à suivre sur ce point, j'en ai quatre. Par contre, je pense que les générations futures devront composer avec ce problème grandissant : notre planète a une dimension finie et on ne peut pas l'agrandir. On ne peut pas, selon notre législation actuelle, tuer des gens, même par compassion humanitaire. Mais ce ne sera jamais un crime que de s'empêcher de se reproduire. On devrait arrêter de questionner les hommes sur le nombre d'enfants qu'ils ont avant une vasectomie. Je sais, c'est anti-religieux, mais je ferai remarquer que les religions sont apparues à une époque où il n'y avait même pas un milliard de personnes sur la planète, alors hein...

Pour changer la mentalité, il faudra d'abord changer la politique. Il faudra que les gouvernements actuels prennent des décisions qui brusqueront les citoyens, mais qui seront profitables à long terme pour l'environnement. Il faut arrêter de vouloir "retourner de l'argent dans les familles" si c'est pour qu'ils produisent plus de déchets. Il faut arrêter de vouloir augmenter le PIB d'un pays sans s'assurer que ça ne se traduira pas par plus de voitures sur nos routes (et ce, qu'elles soient électriques ou non). Il faut arrêter de désirer la croissance économique à tout prix. On sait maintenant que non seulement l'argent ne fait pas le bonheur, mais en plus, il nous incite à polluer.

Le plus dur dans tout ça, c'est ce que sont justement nos enfants, qui ont vécu avec la mentalité de leurs parents, qui devront changer la leur. Ils devront faire des choix difficiles. Ils ne pourront pas se mettre la tête dans le sable, d'autant plus que s'ils y mettent la tête, ils risquent d'y voir mon verre en styromousse...

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