Googlehoolique

On vit tous un chacun avec au moins une dépendance. Dépendance à la cigarette, à l'alcool, bien sûr. Dépendance à la télé, à la nourriture, aussi. Dépendance à Internet, dernièrement. Dépendance à la drogue, malheureusement. Mais il en existe d'autres, dans un tout autre registre.

La dépendance à Google : avoir tous ses outils de gestion regroupés sur Google, sur son téléphone Android, c'est donc pratique. Prenez tous les services qu'on peut avoir de Google, c'est sûr que c'est attirant au premier venu, et c'est difficile de s'en départir une fois qu'on l'a essayé. Tous ses services qui sont intégrés entre eux, dans le nuage, c'est fantastique, au premier abord. C'est après, quand on réalise à quel point Google sait tout sur vous, et à quel point il vend cher une publicité ciblée à une entreprise parce qu'elle va vous rejoindre plus spécifiquement, qu'on déchante. Ou pas; on peut aussi s'en balancer, ou ne pas vouloir voir à quel point cela peut être néfaste.

Il est difficile d'expliquer à quelqu'un quelque chose quand il est payé pour penser le contraire.

Si votre entreprise est basée sur Google, que tous vos contacts y sont, que votre fond de commerce s'appuie sur Google, et que, sans Google, votre commerce n'a plus de raison d'être, je considère que c'est un problème. Mais probablement pas vous. Vous croyez que Google ne mourra jamais et que les lois ne changeront jamais en son endroit, tout va bien madame la marquise.

Pire, si vous insistez pour que vos correspondants ou clients utilisent les mêmes outils que vous chez Google, vous devenez un vendeur Google, sans être payé par lui! Oui, vous rendez probablement la vie plus facile pour ce client, à court terme. C'est sur le long terme que ça se complique.

La maison mère de Google est située à Mountain View, en Californie. Ses revenus proviennent essentiellement de la publicité, celles qu'on trouve dans ses résultats de recherche, bien sûr, mais aussi celles de Youtube, de GMail, et dans plusieurs applications Android gratuites, pour ne nommer que celles-ci. Au moment où Google fait son choix de publicité à afficher à l'utilisateur "devant lui", Google consulte, entre autres :

  • L'historique de recherche Google de l'utilisateur;
  • La liste des vidéos de l'utilisateur;
  • La situation géographique de l'utilisateur;
  • L'historique des sites visités par l'utilisateur de Google Chrome.

Tout ça pour s'assurer que la publicité choisie ait le plus de chance d'être cliquée. Si elle est vue, le commanditaire paye. Et si elle est cliquée, le commanditaire paye encore plus.

Google, tout comme Facebook, est situé aux États-Unis. L'exode des capitaux, encore une fois. Mais pire : Google est quasi-monopolistique. Dès lors qu'on a accès à Internet, il est difficile de ne pas le lui communiquer, n'ayant pas d'alternative viable. Près de 80% des téléphones intelligents tourne sous Android, de Google. Et plusieurs de ceux qui utilisent un iPhone utilisent aussi les services de Google. Et tous ces gens, en utilisant ces services, donnent leurs informations personnelles à Google. Et Google est prêt à tout pour aller les chercher, ces informations : vous avez désactivé votre GPS? Google est peut-être allé chercher les coordonnées géographiques de votre Wi-fi en même temps qu'il a photographié votre maison pour Google Street View. Il ne l'a pas fait? Peu importe, dans le temps, il a remarqué que votre téléphone s'est connecté au Wi-fi du restaurant du coin auparavant, et il aura vu dans deux heures votre connexion à celui du centre d'achat; c'est suffisant pour afficher des publicités de votre localité!

Google est un ogre en ce qui concerne la collecte de données. Il peut se faire un portrait de vous assez facilement. Ainsi, il sait mieux que quiconque, même vous-même, quelle publicité attirera votre attention. Pas étonnant qu'on achète la publicité de Google. Elle rapporte des clics.

Mais il y a un autre point : ce que Google sait tant qu'il n'y a que lui qui sait, ça va. Quelqu'un d'autre pourrait le savoir. Et une intrusion dans un système informatique, il n'y a aucune entreprise, pas même Google, qui est à l'abri de ça. La question n'est pas si Google se fera défoncer un moment donné. La question est à quel moment elle se fera défoncer. Google n'est pas invincible.

On l'a vu avec Desjardins : un employé à l'interne vole sciemment les données. À partir de là, qu'est-ce qu'on peut faire? Foutre à la porte l'employé fautif, certes. Mais le mal est fait. Et à partir de là, vous avez intérêt à changer carrément d'identité, parce qu'une personne mal intentionnée peut pas mal tout faire avec toutes ces données sur vous.

Le jour où Google se fait voler les données de ses milliers d'utilisateurs... il arrive quoi? Ce sont vos données, votre histoire de vie. Pas seulement votre historique de crédit. Toute votre vie passée, que vous avez laissé à Google, ou que Google a réussi à vous soutirer par manque de rigueur avec les paramètres de votre téléphone, pourrait être entre les mains de quelqu'un de vraiment "evil".

Il faut donc dès aujourd'hui surveiller et limiter ce que vous donnez à Google. Pour ce faire :

  • N'utilisez pas Google Chrome. Le choix est quand même assez vaste. Chromium, l'équivalent libre de Google Chrome, peut être un choix intéressant. Sinon Firefox existe toujours et est plus performant que lorsque vous l'aviez quitté pour Google Chrome...
  • Utilisez OpenStreetMap pour faire vos recherches géographiques. C'est un peu le Wikipédia de la carte routière. S'il manque des informations sur votre coin de pays, vous pouvez vous-mêmes y faire les modifications nécessaires, n'est-ce pas merveilleux?
  • Utilisez un autre moteur de recherche. Il existe DuckDuckGo, Qwant, Ecosia... Vlà la liste!
  • Si vous avez un téléphone sous Android, coupez le wifi et le GPS quand vous n'en avez pas besoin. Cela évitera à votre téléphone d'envoyer des données à Google pour rien.
  • Évitez GMail. Ça, j'avoue que c'est la partie sensible : il faut sortir du paradigme que ce service est gratuit. GMail se paye grâce à la publicité qu'il vous envoie. En lieu et place, payez-vous vous-même un service d'hébergement de courriel; c'est beaucoup moins cher que vous pensez. Vous n'aurez pas de publicité, et vous allez avoir un meilleur contrôle sur votre boîte. Ah oui: moins de spam, aussi. Et un nom de domaine, en passant, ça peut coûter entre cinq et quinze dollars par année. Et quand j'énonce mon adresse courriel à mes contacts, ça fait son petit effet!

La dépendance à Google est plus subtile que la dépendance à l'alcool. Mais curieusement, elle est plus difficile à enrayer...

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