Avortement

Ça y est, le débat sur l'avortement est rouvert. Au États-Unis, en tous cas. Sur Twitter, c'est l'hécatombe, là où la liberté d'expression se mute en liberté de dire tout plein d'énormités.

On amalgame le droit à l'avortement avec le droit de ne pas se faire vacciner, on parle de choix entre tuer ou violer des enfants, on mentionne les hommes enceints, on bash Justin Trudeau... Bref, c'est le bordel.

De mon côté, je pencherais plus du côté des pro-choix. Mon côté québécois.

Ceci dit, il faudrait s'écouter avant d'y aller de son opinion et dire n'importe quoi.

Je comprends les pro-vie d'empêcher les cas extrêmes où la femme enceinte décide à huit mois de grossesse d'avorter. Effectivement, on pourrait qualifier ça de meurtre, rendu là.

Je comprends les pro-choix d'empêcher les cas extrêmes où la femme enceinte est privée d'avorter à six semaines de grossesse. Effectivement, on pourrait qualifier ça de grossesse forcée, rendu là.

C'est une question complexe, l'avortement. Et il y aura toujours des cas extrêmes. Il faut jongler là-dedans.

Il faut rendre l'avortement illégal à partir de quel moment? Dès qu'il y a un fétus? Dès qu'on sait qu'il sera viable? Jamais?

Mettons qu'on dise que l'avortement est illégal à partir du moment où le fétus est devenu un bébé. C'est quand ça? À huit, seize ou vingt-quatre semaines? Qu'est-ce qui arrive si on sait à douze semaines que le bébé à naître sera handicapé lourdement et deviendra un fardeau?

Une femme qui décide de se faire avorter illégalement... Pourquoi l'envoyer en prison? Est-elle un danger pour la société?

Est-ce qu'il y a des femmes pour qui un avortement n'est pas considéré comme une épreuve personnelle, légale ou pas?

Est-ce que la vie du fétus est plus importante que la santé de sa mère? L'un est fortement dépendant de l'autre, je le rappelle.

Dans le cas où l'avortement est illégal, une femme qui fait une fausse couche peut-elle être accusée d'avoir avorté, autrement dit d'avoir provoqué sa fausse couche?

Je me pose beaucoup de questions au sujet des femmes en autorité qui disent soutenir le droit à la vie, ce qui signifie ne pas soutenir le droit à l'avortement.

Il se peut fort bien que je ne pense pas à des questions que des pro-vie, des vrais, se poseraient.

Mais même sans être pro-vie, être pro-choix vient avec, vous le voyez, une panoplie de questions. Avec souvent des réponses qui vont commencer par "Ça dépend".

Mon message ici était surtout qu'avant de dépeindre l'adversaire comme un monstre inhumain sans aucune classe qui ne mérite pas de vivre, essayer de comprendre ses idées et lui poser des questions. Et espérer que l'adversaire fasse pareil.

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